lundi 8 juin 2020

Angoisses, pleurs et espoir

Assise sur le siège passager du camping-car, de mon promontoire, je guettais Ahmed, un des agents du camping,  tenant la poignée du portail. Lorsqu'il a tiré sur un des vantaux, mon coeur battait si fort, l'esprit vers la sortie, que je n'ai pas pris le temps de prendre une photo. Imaginez seulement lorsque le deuxième a été tirée ! Et, le passage de notre camping-car vers  la sortie ! La liberté ! Notre autorisation de circuler vers Tanger, délivrée par le consulat de Marrakech, en évidence sur le tableau de bord, aux yeux de la gendarmerie Royale. : Notre bulletin de sortie. Terminée la rétention. Vous ne pouvez pas imaginer l'angoisse et la peur que nous avons vécues. Dans les différents camping, entre les dépressions nerveuses, les tentatives de suicide, le manque de médicaments et de nourriture européenne, l'abandon de l'État français... 83 jours de confinement. 
Hier, c'était l'effervescence dans le camping. Plusieurs d'entre-nous étions appelés par la cie maritime Baléaria. Tous munis de nos passeports, la carte grise du véhicule et la carte bancaire, nous devions envoyer par WhatsAp, copies de toutes ces pièces, indiquer notre numéro de téléphone au Maroc, adresse mail, longueur du véhicule... Puis donner nos coordonnées de carte bancaire. Je peux vous assurer que nous n'étions pas fiers de renseigner,  au marocain en ligne, toutes ces informations confidentielles. Mais, on ferait n'importe quoi pour se sortir de cet emprisonnement. Enfin, quelques secondes après avoir raccroché, le billet de bateau était visible dans notre boite mail. Puis la course a commencé et une nouvelle peur s'est installée : Aurons-nous notre autorisation de circuler ? Merci à Céline, la secrétaire du camping, qui a imprimé tous les billets de bateau et fait les démarches auprès du Consulat. Je ne pense pas que nous aurions eu autant d'aide dans un autre camping du Maroc.

Ce matin, levés tôt, après une nuit blanche, nous avons pris la route en direction de Tanger pour prendre la mer, demain à 23 heures pour Malaga (Sud de l'Espagne). Trois billets de bateau, achetés, en poche : Tanger-Med vers
- Algéciras, Espagne (la traversée est suspendue),
- Sète, France (pas de nouvelles des départs des 9 et 13),
- Malaga, Espagne, (notre sortie de secours).

A Casablanca les nuages, chargés d'orages et de pluie, étaient fendus par les fumées noires des usines, puis le soleil et la chaleur étaient de retour avant Rabat.


En convoi, nous roulons vers Tanger. À  la dernière station service, sur l'autoroute, nous devons nous arrêter derrière des centaines de camping-cars. Nous devrons attendre demain pour être appelés, par groupe de dix paraît-il. Chacun a scotché une feuille de papier sur le pare-brise de son véhicule sur laquelle est écrit : "GNV" ou  "BALÉARIA". Ceux qui prendront la direction de Sète seront réveillés à 6 heures demain matin.
Je ne vous parlerai pas aujourd'hui de courbe du coronavirus au Maroc. En outre, le thermomètre affiche à  l'heure marocaine :
Et 19 degrés,  à la même heure à l'abri.

Prenez soin de vous

À  demain pour la suite de l'aventure !

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Articles les plus consultés