Aujourd'hui, il ne fait
pas froid, vingt-quatre degrés, néanmoins, depuis cette nuit, des
averses arrosent le camping-car. Nous profitons de cette journée,
légèrement humide, pour remplir le frigidaire, le congélateur et
faire le plein de gaz.
Toutes ces tâches étant
faites, demain je serais entièrement libre pour visiter la région et mettre en ligne de nouvelles photos.
Voici un résumé, pour
les historiens ou les curieux, comme moi, du livre de Marie-Claire
Mangou-Nautiacq, "Messanges, un village du Marensin"
Messanges est un village
d’environ 1000 habitants, situé au sud des Landes dans le canton
de Soustons. D’une altitude moyenne de 7 à 8 m, bordée par
l’océan à l’ouest, la commune est limitrophe avec celles de
Moliets au nord, d’Azur à l’est et de Vieux-Boucau au sud. Les
bourg et ses « quartiers » entourés de vastes pinèdes et d’étangs
paisibles offrent aux visiteurs l’image d’une localité typique
du Marensin.
L’origine du nom de
Messanges :
Il existe peu de
documents qui permettent de retracer l’histoire de notre village,
en ce qui concerne son nom, de nombreuses hypothèses ont été
émises. Voici la plus poètique : D. Habas, historien landais dit
ceci : « L’heureuse sonorité du nom évoque la nature chantante
des lieux… le gazouillis des oiseaux rien qu’en pensant aux
mésanges. »
Les temps anciens :
Grâce aux vestiges
trouvés au siècle dernier, nous savons que la région était
traversée à l’époque gallo-romaine par le "Camin Romiou",
une voie côtière qui reliait Bordeaux à Dax et Bayonne. Le
littoral devait être bien différent de celui que nous connaissons
aujourd’hui puisque l’on ramassait des huîtres au bord de la
route des lacs.
Il nous faut cependant
parvenir au XIII siècle pour trouver une première mention écrite
concernant Messanges, une des paroisses de ce petit pays côtier que
l’on nommait alors "Marensin". Au Moyen-Age, la baronnie
du Marensin délimitée au nord par le courant de Contis et au sud
par celui de Soustons comptait seize paroisses : Azur, Castets,
Escalus, le Boucau-Vieux, Léon, Linxe, Lit, Maa, Messanges, Mixe,
Moliets, Saint Girons du Camps, Saint Girons de l’Est, Saint
Michel, Taler et Vielle.
La première mention
écrite de l’existence de Messanges date de 1242 dans un écrit du
roi d’Angleterre Henri III.
L’Ordre des Templiers
possédait à Messanges des terres dépendantes de la commanderie de
Moliets. Il s’agissait d’un "casau" (terme gascon qui
signifiait une maison avec des terres attenantes) et d’une autre
terre. Certains pensent qu’on y accueillait des pèlerins sur le
chemin de Compostelle. En effet, Messanges et Moliets se trouvaient à
proximité d’un chemin de Compostelle qui selon les historiens,
suivait le même tracé que l’antique "Camin Romiou" des
romains. A l’époque, la traversée des Landes était éprouvante
et avait fort mauvaise réputation. Il reste d’ailleurs à
Messanges certains noms de lieux inquiétant … Qu’arrivait-il au
pèlerins lorsqu’ils passaient au "Ruste" (rôti), au tuc
des "Boulurs" (tuc des voleurs), à Judas. Ne mettaient-ils
pas leur âme en péril lorsqu’ils s’arrêtaient au "Galant" ?
Il existait cependant une
communauté établie et active à Messanges. En effet, le lieu
bénéficiait d’une situation géographique privilégiée du fait
de son emplacement dans une large dépression entourée de dunes
anciennes sans risque d’ensablement ou d’inondation pour les
cultures. Messanges était bordée à l’ouest par l’océan et
s’étendait en continu du nord au sud de Moliets à Soustons et à
jusqu’à Azur à l’est. Son territoire était fait de dunes de
sables, d’eaux et de marais impropres à la culture, vers l’est,
il était couvert de forêts de pins. Au milieu, s’étendaient les
champs et les vignes. La vie des messangeots était certainement dure
et précaire. En ces temps-là, ils habitaient des cabanes de bois et
de pisé. Les messangeots vivaient probablement de la culture
ancestrale du millet et du pais, de la production du miel, de la
pêche, du commerce de la résine, de la poix et du bois, spécialités
du Marensin depuis des temps immémoriaux. Les plus riches
possédaient une basse-cour, un cochon, quelques moutons et des
chèvres que l’on faisait paître sur les dunes côtières dans les
bruyères et les ajoncs. C’est au XIIIème siècle que la vigne est
apparue dans notre région.
Un caprice inouï de la
nature va transformer la vie paisible de notre petite bourgade. Il ne
s’agît rien de moins que le déplacement de l’embouchure de
l’Adour de Cap Breton à Messanges. L’Adour serait arrivé au
"Plecq" entre 1307 et 1360 (il est impossible de connaître
la date exacte de cet événement car il n’existe aucun texte
officiel relatant l’événement). Le plecq qui sera appelé plus
tard Vieux-Boucau était encore un quartier de Messanges. Il
semblerait donc qu’au début du IXème siècle, à l’occasion
simultanée d’une forte tempête qui obstrue l’embouchure de
l’Adour à Capbreton et de grosses crues en amont du fleuve, les
eaux tumultueuses de l’Adour ont été poussées violemment vers le
nord, le long de la dune littorale, jusqu’au Plecq, rasant tout sur
leur passage. Le fleuve dépassait même ce point, créant un remous
jusqu’à Moïsan avant de revenir se jeter à la mer dans la petite
ouverture des ruisseaux de Messanges et de Soustons, l’agrandissant
considérablement. Le bassin creusé par les remous formait une rade
très sûre (dont il ne reste que l’étang de Moïsan) qui se
situait grosso modo entre l’emplacement des trois campings aux noms
très évocateurs : le "Vieux Port", "La côte"
et le "Moïsan". Messanges et surtout le quartier du Plecq
vont bénéficier durant deux siècles et demi, jusqu’en 1578, d’un
essor sans précédent.
Un accroissement sensible
de la population se produit aux XVéme et XVIéme siècles.
L’activité se partageait entre deux pôles principaux. L’un
résolument tourné vers la mer, était au Plecq. L’autre était au
bourg, gardant sa vocation rurale. Il ne resterait plus qu’une
maison datant de cette époque de relative richesse : une grande
bâtisse proche de l’église, dont la façade s’orne d’un décor
de croisillons et d’une fenêtre à meneaux de bois. C’est
peut-être aussi à cette époque que s’est développé le quartier
de Messanges qui sera appelé plus tard "quartier Caliot".
La proximité du tuc du Pey de l’Ancre, au pied duquel s’étendant
la rade et le voisinage du port en faisaient un lieu propice pour s’y
établir. Il est probable qu’on y cultivait déjà la vigne. On
peut aussi retrouver, proche de l’église, sur le ruisseau de la
Prade, le lieu-dit "au moulin" qui marque l’emplacement
d’un ancien moulin utilisé encore au siècle dernier.
Malheureusement tout à
une fin…les éléments déchaînés qui avaient amené vers
Messanges le fleuve et la prospérité, vont, aidés par l’homme
cette fois, nous les reprendre. L’embouchure de l’Adour devenait
de moins en moins praticable en raison d’un phénomène
d’ensablement qui pouvait provoquer des inondations catastrophiques
jusqu’à Bayonne. En 1556, Bayonne (qui n’entendait pas partager
"son" fleuve d’avantage) décida de s’approprier
l’Adour en projetant une embouchure au Boucau-Neuf. Enfin, après
des travaux titanesques et à la suite d’une forte tempête et
d’une violente crue de l’Adour, qui inondèrent une fois de plus
Bayonne, le fleuve put rejoindre l’océan par le nouveau chenal.
C’était le 28 octobre 1578, jour heureux pour Bayonne, mais ô
combien malheureux pour Vieux-Boucau et Messanges. La légende nous
raconte qu’un bateau, le Moïsan, se trouvait ancré à terre au
fond de la rade pour laisser passer la fameuse tempête du 28 octobre
1578. Le bateau ne put jamais regagner la mer faute du retour des
eaux détournées à Bayonne.
Le détournement de
l’Adour marque la fin d’une période de relative prospérité. Un
exode massif de la population suit le départ du fleuve et Le plecq
nommé dorénavant Port d’Albret, puis Vieux-Boucau acquiert
définitivement son autonomie. Finalement, notre village poursuivant
sa vocation rurale survécut tant bien que mal au détournement de
l’Adour. La diversification des productions agricoles et sylvicoles
jointe aux revenus tirés des pins, de la vigne et du miel assurait
le minimum vital. Il ne faut pas oublier aussi l’élevage des
moutons, l’image du berger juché sur ses échasses, surveillant
les troupeaux qui paissaient sur les terrains vacants, en bordure des
étangs ou sur les dunes mouvantes de la mer, qui reste
incontournable dans notre pays. En ce qui concerne les revenus tirés
des pins, il ne s’agissait pas à l’époque de revenus issus de
la vente du bois mais plutôt de la résine et de ses dérivés. Le
gemmage était pratiqué intensivement. On n’utilisait pas encore
le fameux pot de résine mais on creusait au pied de l’arbre un
trou, le "crot", dans lequel on recueillait le précieux
liquide.
En raison de son aspect
déshérité, le pays landais va acquérir au cours des siècles une
réputation de plus en plus misérable, souvent exagérée, dont ses
habitants vont être les premières victimes.
Pendant la période
révolutionnaire, à l’époque de la création du département des
Landes, Messanges faillit prendre une certaine importance
administrative. L’assemblée départementale des Landes avait
proposé à l’Assemblée Nationale de réunir notre commune à
celles de Vieux Boucau, Moliets, Maa, dans une seule municipalité
dont le chef-lieu aurait été Messanges qui présentait encore à
l’époque une santé économique et démographique meilleure que
ses voisines. La proposition ne fut pas retenue.
Le premier Maire de
Messanges, Jean Fayet, est élu en 1793. Au début du XIXéme siècle,
la situation de la commune n’est guère brillante. La dépopulation
s’accentue, les biens communaux se dégradent. Le bourg à cette
époque ne compte plus que 10 maisons. La mortalité infantile est
très forte. Les marais insalubres favorisent la propagation des
fièvres. À ce sombre tableau vient s’ajouter un incendie
catastrophique qui ravage la contrée en 1803. Le 23 août, le feu,
parti de Seignosse, gagne les forêts de Soustons, Vieux Boucau et
Messanges. Le 27 août 700.000 pins brûlent en un jour.
A cette époque, il n’y
avait pas d’école à Messanges. Il faut attendre 1816, pour que la
loi oblige les communes à prendre en charge l’enseignement des
enfants. Une salle de classe et un logement pour l’instituteur sont
installés dans la maison communale (aujourd’hui, emplacement de la
poste) construite en 1835, près de l’église. L’urbanisation de
la commune se poursuit avec l’aménagement en 1849 d’une place
publique devant le presbytère.
Petit à petit, dans les
années 1880, au village, les mœurs s’adoucissent et les habitants
s’adonnent à des occupations plus divertissantes. Les gens se
rencontrent dans les estaminets pour boire un bon coup certes, mais
aussi pour se rencontrer, discuter de chasse, de pêche et jouer aux
quilles. La municipalité se préoccupe aussi comme il se doit du
sort des plus démunis. Un atelier de charité est créé en 1883 et
chaque année, pour le 14 juillet, on offre le pain et le fromage
gratuitement. Cette tradition charitable se perpétuera jusqu’aux
années 1950.
Les dernières années du
siècle voient de nouveau aménagement. La commune achète, en 1889,
un terrain pour la construction d’une école de filles au lieu-dit
"Minjon", au bourg, le long de la route de Messanges à
Vieux Boucau. En 1889, le cimetière qui entourait l’église est
déplacé le long de la route de Vieux Boucau.
La forêt. Jadis, la
forêt ne poussait que sur les dunes anciennes. C’est au XIXème
siècle que l’on se préoccupa du boisement systématique des
Landes de Gascogne et de la fixation des dunes océanes. A Messanges,
les opérations de boisement prennent place en 1837. Le paysage est
alors fixé tel que nous le connaissons aujourd’hui avec d’ouest
en est : la plage, la dune haute, la "lette" (zone
protectrice entre la dune et la forêt où la végétation prend des
formes tourmentées) et la forêt de pins jusqu’au bourg.
Remarquons que cet espace naturel entre mer et village n’a pas été
défiguré par une urbanisation touristique abusive. Au XIXème
siècle à Messanges, le marché de la résine représente alors une
source d’appréciable profit. A la fin de ce même siècle, la
révolution industrielle va générer un autre besoin qui fera les
beaux jours de la forêt landaise : les fameux poteaux de mines dont
les mines de charbon du nord de la France et de l’Angleterre
faisaient une énorme consommation pour étayer les galeries. Mais
l’âge d’or du pin durera moins d’un siècle. La résine cessa
d’être rentable et la demande des poteaux de mines diminua peu à
peu pour finalement s’arrêter en même temps que fermaient les
mines de charbon. Aujourd’hui, la production de pâte à papier, la
fabrication de panneaux de particules, les bois d’œuvre et de
menuiserie demeurent les principaux débouchés des pins.
La modernité fait
irruption à Messanges au tout début du XXème siècle, avec
l’arrivée du chemin de fer. En effet, en 1904 le tronçon
Soustons-Léon, via Messanges est construit. A ce petit train qui
cahotait à travers la forêt de pins, s’attache très vite une
réputation d’inconfort notoire. On l’appelait le "matchecul".
Un surnom dû à la rudesse de ses sièges en bois. Sa lenteur était
proverbiale, on avait donc tout le temps d’admirer le paysage. (La
ligne de chemin de fer sera désaffectée dans les années 1950. Les
anciennes gares restent les seuls témoins de ce temps révolu)
En 1904, le chemin de la
morue qui menait à la plage est rectifié, élargi, empierré. A
cette même époque, on bâtit sur la dune une maison de bois pour
servir de salle de bal. Elle fut endommagée pendant la guerre puis
refaite et sert aujourd’hui de snack-bar pendant la période
estivale.
En 1910, Messanges va
enfin obtenir son bureau de poste permanent. Il sera installé à la
place de l’ancienne mairie-école près de l’église. La même
année, la mairie et la nouvelle école sont édifiées route de
Vieux Boucau. Et en 1911, ce sera le tour de la salle des fêtes.
Dans les années 30, une colonie de vacances est construite sur la
route de la plage pour accueillir les garçons du département.
Aujourd’hui la colonie a été transformée en hôtel.
De 1940 à 1945,
Messanges se trouve en zone occupée. La dune et la plage, truffées
de mines, sont interdites à la population. Deux blockhaus, éléments
du Mur de l’Atlantique, sont construits sur la dune. Ils étaient
reliés par un souterrain. Aujourd’hui, les blockhaus ont glissé
sur la plage et s’enfoncent un peu plus chaque année dans le
sable. Dans l’un des deux, on a retrouvé des caisses d’obus
encore intacts.
C’est donc après la
guerre que les premiers estivants découvrent Messanges. Deux hôtels
les accueillaient, leur offrant un confort rustique mais une ambiance
familiale et bon enfant.
Le grand changement pour
notre village s’opère dans les années 60 avec la construction des
premiers lotissements en 1962. Un premier camping est aménagé le
long de la route de la plage, s’agit du camping du "Moïsan".
Aujourd’hui, durant
toute la saison d’été, les touristes qui séjournent à Messanges
profitent des animations diverses qui leur sont proposées dont les
célèbres sardinades annoncées à grands coups de canons. Mais le
village a sa propre vie, indépendante du rush de l’été. De
nombreuses associations sportives et culturelles organisent une foule
d’activités. Et les fêtes sont autant d’occasions pour les
messangeots de se retrouver. Messanges a su préserver son côté
rural. Dans les quartiers, les champs de maïs ou d’asperges et
quelques vignes témoignent encore d’une activité agricole. La
forêt couvre les ¾ de son territoire servant d’écrin à trois
étangs, celui de la Prade, très profond et poissonneux, le Moïsan,
le domaine des hibiscus et des chasses aux canards et le petit étang
du Couloum où se reflètent les bouquets de mimosas. Le bourg très
fleuri en toutes saisons, offre aux visiteurs l’image d’une
commune à la fois coquette et attrayante
C’est incontestablement
la plage et l’océan qui attirent le plus les estivants. Les 5 km
de plage de sable blond dominés par le sémaphore de la Marine
Nationale où la baignade est activement surveillée. La pleine
liberté de chevaucher les célèbres rouleaux de la côte d’argent,
est réservée aux surfers qui à Messanges peuvent s’adonner à
leur sport favori toute l’année grâce à la douceur du climat. La
pêche au "surf casting" dans les vagues est très prisée
des amateurs de piguets, de maigres et de louvines. On capture aussi
des lançons à l’aide d’un filet à la basse mer dans les
baïnes.
Forêts, Lacs et Plages
sont les trois mots magiques qui figurent sur le logo de Messanges
dont les habitants jadis peu tournés vers la mer ont su aujourd'hui
renouer les liens avec l’océan.
Image du net : Photo ancienne de Messanges |
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