mercredi 27 septembre 2023

Au Français ou au Anglais ?

Le château de Taillebourg est une très longue histoire. Abritant les vestiges d’un ancien Château fort, Taillebourg, petit bourg de 600 âmes est connu pour sa bataille de 1242, opposant le roi de France Saint-Louis à Henri III roi d’Angleterre, peinte sur un tableau célèbre d’Eugène Delacroix. Le parc du château offre une vue imprenable sur la Charente et sa vallée.

Il faut monter jusqu'au parc pour dominer les toits du village et la vallée de la Charente.

À quelques kilomètres de Taillebourg, le Château a inspiré Charles Perrault. On dit que ce dernier prit pour modèle le château de Crazannes, propriété du comte de Caravaz, pour le fameux conte du Chat Botté et le fameux comte de Carabas.

L’origine du nom Taillebourg peut-être du celte «tal», hauteur et du latin «burgus», château-fort, ou bien encore «Telleborg», désignant un port et qui trouverait son origine dans la présence des normands dans la région.

La présence de vestiges de la fin du paléolitique (-10.000 avant J.-C.) dans cette région démontre un peuplement très ancien. Au Vème siècle avant J.-C., elle est occupée par les envahisseurs Celtes (Gaulois) puis par les Romains. Du IIIème siècle au Vème siècle, elle est le siège de nombreux vandales principalement issus de Germanie qui s’installent en Aquitaine.

Cette situation anarchique ne s’améliorera guère que pour une courte durée, sous le règne de Clovis qui établit une garnison à Saintes en 507.

Vers 730, les Sarrasins (Musulmans installés en Espagne) dévastent la Saintonge avant d'être arrêtés par Charles-Martel à Poitiers. C'est en 770 que Taillebourg prend son importance avec la visite de Charlemagne en Saintonge et la construction de la première forteresse.

Peu après, les Normands venus de Scandinavie dévastent à plusieurs reprises la région pour finalement être anéantis en 865 par les habitants, lors d’un combat entre Charente et Boutonne.

Dès le XIème siècle, la dynastie des Rancon (seigneurs de Rancogne en Angoumois) prendra petit à petit possession du territoire, sous la protection des comtes d’Angoulème. La châtellenie de Taillebourg sera alors donnée en vassalité à Ostend 1er, membre de la famille des Rancon. Après une nouvelle tentative d’invasion par les Normands, Aimeri II, le troisième châtelain de la dynastie des Rancon fera de Taillebourg, une place forte capable de contenir de nouvelles incursions.(Cette famille bénéficiait de droits féodaux sur la population du bourg et des environs ainsi que d’un droit de péage sur les embarcations qui passaient sur la Charente, au niveau de la forteresse).

Goeffroy III de Rancon (1137-1153) jouera un rôle important dans l’Histoire grâce à ses relations avec le Duc d’Aquitaine, Guillaume IX et sa fille la célèbre Aliénor d’Aquitaine. Louis VI le Gros, qui souhaitait réunir à la couronne le duché d’Aquitaine décida de faire épouser Aliénor par son propre fils, le futur Louis VII. Les deux époux passèrent, dit-on, leur nuit de noce au château de Taillebourg.

Peu après leur mariage, Louis VI décédé, laisse le trône à son fils Louis VII. Ce dernier fait annuler son propre mariage en 1152 et l’ex-reine épousera deux mois plus tard Henri Plantagenet, Comte d’Anjou, futur roi d’Angleterre. Cet événement aura pour conséquence la première guerre de cent ans.

Plus que jamais le château de Taillebourg devient le théâtre de nombreuses batailles, passant des mains de Geoffroy IV à celles des représentants de la cour d’Angleterre (dont Richard Cœur de Lion, fils d’Aliénor d’Aquitaine) et vice-versa. Il sera maintes fois assiégé, puis détruit et reconstruit.

En 1242, Henri III, vient s’établir avec son armée dans la prairie de Saint-James (en face de Taillebourg), et mène une bataille célèbre contre les chevaliers français aux côtés de Louis IX (Saint-Louis), qui finiront par l’emporter grâce au soutien des arbalétriers de Goeffroy V venus les soutenir. Contrairement à ce que laisse croire le tableau d’Eugène Delacroix (La bataille de Taillebourg /Versailles), la célèbre bataille eu lieu en réalité le 24 juillet 1242 sous les murs de Saintes à l’avantage des troupes françaises. En 1259, Louis IX et Henri III signent un acte de paix définitif et la Charente devient la limite entre les deux royaumes.

Le château de Taillebourg est alors confié à Hugues II de Parthenay, petit-fils de Goeffroy V. Hugues II meurt rapidement et c’est son fils, Guillaume II, qui hérite à son tour du château. Après sa mort en 1308, son fils Guy, l’Archevèque de Parthenay, reçoit la seigneurie de Taillebourg en héritage et s’y établit.

Le Comte de Derby, dévastant la Saintonge, assiège le château en 1346. La forteresse est aussitôt reprise par les Français en 1350 puis, à nouveau aux mains des Anglais qui font de Guy leur prisonnier avant de le libérer en 1358 ; date à laquelle il reprend possession du château désormais sous domination anglaise.

La lutte contre les Anglais reprend en 1370, sous le règne de Charles V. Le château repasse aux mains des Français en 1385 puis à nouveau des Anglais et de nouveau aux Français en 1387, occupé par le Comte de Sancerre dont le fils aîné reçoit le château en succession. Sans héritier, Jean l’Archevêque de Parthenay vend la Châtellerie à Jean Harpedane, Sénéchal de Saintonge et Seigneur de Montendre. En 1407, Le Sénéchal est révoqué, la châtellerie réunie au domaine royal et sa forteresse démantelée.

En 1422, Charles VII donne Taillebourg en nantissement à Henri de Plusqualec, gouverneur de La Rochelle jusqu’en 1426, date à laquelle il se retire à Taillebourg et fait reconstruire la forteresse. Taillebourg entrera de nouveau dans le domaine royal, Henri de Plusqualec n’ayant pas eu de descendant.

En 1442, Charles VII offre Taillebourg à son Chambellan Prégent de Coëtivy. Esprit cultivé, il réunit dans son château une importante bibliothèque et, preuve de son estime, le roi lui confie l’éducation de sa fille Marie. Prégent de Coëtivy meurt lors d’une bataille et son frère cadet, Olivier de Coëtivy, lui succède. Ce dernier, épouse la fille du Roi, Marie de Valois en 1458. Le mariage est célébré dans la chapelle du château en présence de Charles VII et de la cour. Marie de Valois meurt en 1473, sept ans avant son époux et c’est leur fils Charles qui hérite du château.

Charles épouse Jeanne d’Orléans et devient le cousin de Louis XII (successeur de Charles VIII). De leur mariage naîtra Louise qui sera à son tour mariée en 1501 à Charles de la Trémoïlle. Charles meurt à Marignan en 1515 et son fils François lui succède à la tête du Château. François de la Trémoïlle épouse Anne de Laval en 1521 dont il aura un fils, Louis III, en 1522. Ce dernier prend possession du Comté de Taillebourg, épouse Jeanne de Montmorency et meurt en 1576.

Tandis qu’une véritable guerre civile oppose Protestants et Catholiques, le château de Taillebourg continue d’abriter les générations de La Trémoïlle : Claude (fils de Jeanne et Louis), sa sœur Charlotte, qui épousera le Prince de Condé dans la chapelle du château transformée en temple protestant, Henri, fils aîné de Claude, Henri-Charles, qui reçoit le comté en dot en 1648 et le verra détruit sur ordre de Louis XIV, Charles III puis le fils de ce dernier Charles-Louis-Bretagne.

En 1713, Charles-Louis-Bretagne de La Trémoïlle vend la seigneurie pour 175.000 livres à son oncle Frédéric-Guillaume, Prince de Talmont qui s’attache à restaurer les ruines et exécute de très nombreuses réparations.

Le comté reviendra bien plus tard à la branche aînée des La Trémoïlle en la personne de Jean-Bretagne en 1789.

cette même année, le Duc Jean-Bretagne de La Trémoïlle, frappé d’une apoplexie le laissant lourdement paralysé, séjourne en Aix, province Sarde, tandis que l’Assemblée Législative ordonne la confiscation des biens des émigrés.

Bien qu’il ait informé par écrit des impérieuses raisons de santé qui le retiennent, la Convention remplace la Législative et la nouvelle Assemblée, bien décidée à ne pas se pencher sur les cas particuliers, ne tarde pas à mettre en vente les biens des La Trémoïlle. Château, terrasse, douve seront adjugés à Jean Bergier, notaire à Taillebourg et la moitié de la garenne à François Ferret également de Taillebourg. Pilleurs et démolisseurs viendront copieusement se servir en matériaux avant qu’un incendie achève leur travail en 1822…

Vous l’aurez compris, nous sommes à Taillebourg, pas dans un château, mais bien dans notre villégiature à roulettes.

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«Qu’elles accompagnent ou non le martèlement des pieds d’un geste du poing levé, les foules en marche ont marqué l’histoire.

Philosophie magazine

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Le long de la Charente

Je vais grimper sur le promontoire

Les remparts du château


Nous voici à Taillebourg
Phil va lire le livre que j'ai déjà lu (Merci Evelyne)
Tant qu'à moi, je vais commencer "Les mamies font parler la poudre"
À demain, pour de nouvelles aventures et découvertes !

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