dimanche 19 septembre 2021

Notre Dame de Sées

Avant de continuer notre route vers l'Est  nous avons fait un petit crochet au Sud. Blottie dans sa campagne, Sées est une petite ville calme couvée par ce pur joyau de l’art gothique normand qu’est sa cathédrale.


























Monseigneur Charles-Frédéric Rousselet

On aperçoit l'ancienne voûte reliant jusqu'au diocèse 

Ce n'est pas un lavoir mais une chapelle 


Symbole de la ville, la cathédrale Notre-Dame de Sées serait, selon des chroniques médiévales, la cinquième construction chrétienne sur le même emplacement. L’histoire de l’édifice est plus que mouvementée, alternant destructions dues aux guerres ou aux incendies et périodes de restauration.

Malgré les outrages subis, la cathédrale reste un chef-d’œuvre d’architecture gothique

L’histoire de la cathédrale de Sées commence au Ve siècle après Jésus-Christ, lorsque Saint Latuin, évangélisateur et premier évêque de Sées bâtit un édifice chrétien sur les ruines d’un temple romain. Majoritairement en bois, le bâtiment est endommagé par la foudre puis incendié par les Normands en 878. Restauré à la hâte, l’édifice dure un peu moins d’un siècle.

Entre 986 et 1006, l’évêque Azon fait bâtir une troisième cathédrale. Mais elle brûle accidentellement en 1048, à cause de l’évêque Yves de Bellême qui voulait chasser des pillards en les enfumant. Condamné par le Pape à reconstruire l’édifice, l’incendiaire part en pèlerinage pour récolter des fonds. Il meurt avant de voir l’œuvre achevée. Ses successeurs terminent les travaux en 1128, mais la cathédrale est incendiée vingt ans plus tard lors de la lutte entre le roi Louis VII et le duc de Normandie.

La cinquième cathédrale, celle d’aujourd’hui, voit le jour au début du XIIIe siècle. L’actuelle nef gothique s’élève entre 1220 et 1240 ; le chœur et le transept sont achevés au début du XIVe. La dédicace a lieu en 1310, en l’honneur de Notre-Dame. Gravement endommagée pendant la guerre de Cent Ans (1337-1453), la cathédrale doit être consolidée au XVe siècle car ses fondations, trop fragiles, ne garantissent plus sa stabilité : deux contreforts viennent alors encadrer la façade, alourdissant les lignes du monument.

Attaquée par les Protestants pendant les guerres de religion, mal entretenue aux XVIe et XVIIe siècles, la cathédrale est fermée aux fidèles en 1740. Vers 1780, l’évêque Jean-Baptiste du Plessis d’Argentré consolide l’édifice, restaure la charpente et le grand clocher et lance des travaux de décoration intérieure. Mais la Révolution entreprend de détruire toutes les sculptures, en particulier celles du tympan.

C’est sous Napoléon 1er que sont lancées d’importantes restaurations, réalisées du XIXe au début du XXe siècle par de grands architectes. On retiendra plus particulièrement l’un deux, Victor Ruprich-Robert, dont l’atelier (bâti en 1851) est encore visible aujourd’hui sur le flanc de la cathédrale.

La façade de la cathédrale date du XIVe siècle, tout comme ses deux clochers de pierre, qui culminent à 70 mètres de hauteur. Le porche rappelle ceux de la cathédrale de Chartres, construite à la même époque (vers 1220-1240), mais les statues ont été malheureusement été détruites sous la Révolution. Les grilles en fer forgé datent du milieu du XVIIIe siècle.

A l’intérieur, la nef de style gothique normand comporte sept travées, dont la première est prise dans la maçonnerie de consolidation. C’est la partie la plus ancienne de la cathédrale (début du XIIIe siècle). Le transept, plutôt de style gothique français, date de la fin du XIIIe siècle ou du début du XIVe. Ses deux bras sont éclairés par des rosaces.

La rosace sud ou roue du soleil a pour teintes dominantes le rouge et l’or. C’est elle qui produit les taches couleur rubis sur le sol près de l’entrée de l’aile sud, ainsi que la «danse des œufs», ces taches ovales blanches qui apparaissent sur le mur sud du transept. La rosace sud est divisée en douze parties, nombre symbolique représentant l’univers, union entre la perfection divine (chiffre trois, la Sainte Trinité) et le monde terrestre (chiffre quatre comme les éléments : eau, terre, feu, air).

Face à la roue du soleil, la rosace nord éclaire le transept d’une froide lumière bleue, dont les nuances s’apprécient idéalement à la tombée du jour, en juin ou en décembre. Cette rosace a le tracé du «sceau de Salomon» : une étoile à six branches composée de deux triangles équilatéraux. Elle symbolise la connaissance, la synthèse des contraires dans leur harmonie et leur diversité. La teinte dominante, le bleu, est un symbole d’éternité.

Outre ses deux rosaces hautement symboliques, une des particularités de la cathédrale de Sées est son chœur, tout en finesse et en légèreté, conçu pour laisser passer un maximum de lumière. Dans le chœur, le maître autel (XVIIIe) est l’œuvre de l’architecte Brousseau, auteur de l’ancienne résidence épiscopale, le Palais d’Argentré. En quittant le chœur par le côté sud pour rejoindre le déambulatoire, on découvre un puits. Présent dans toutes les cathédrales gothiques, cet ouvrage permet bien sûr d’assurer l’approvisionnement en eau potable en cas de siège, mais aussi de matérialiser la rencontre entre la terre et le ciel.

«Les maçons du Moyen-Age savaient parfaitement que Dieu n'existe pas, mais ils espéraient qu'à force de lui bâtir des cathédrales, il finirait par exister.»

François Cavanna (né 1923 - 2014) / écrivain, journaliste, dessinateur humoristique, éditeur et patron de presse français.

Et hier soir, nous avons profité des derniers sons et lumières de la saison pour contempler l'édifice recouvert d'une belle couleur de bleu.

Lumières, images, récits et musiques nous ont raconté en un grand spectacle grandiose le travail des générations des bâtisseurs, décryptant les signes et symboles inscrits dans la pierre et sur les verrières.

Un spectacle grandiose avec une sonorisation inoubliable.

Comme je n'ai pas eu le droit de faire de photo, pendant le spectacle, je me contente de celle sur le document remis par l'office de tourisme.


Ce matin le temps était brumeux, le ciel gris, il pleuviotait et le thermomètre affichait 13 degrés.

Cet après-midi le temps n'est pas mieux, ce qui ne nous a pas empêché de pousser les portes des musées qui feront mon prochain article. 

À demain pour de nouvelles aventures et découvertes !

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