Nous ne pouvions pas repartir vers l’Ouest sans avoir, encore, découvert un peu plus la région autour de Mortagne-au-Perche.
Sur l'hippodrome de Mortagne-au-Perche, les tribunes de sont protégées au titre des Monuments Historiques. Reconstruites en 1825 et restaurées en 1997, les trois tribunes en bois du champ de courses de Mortagne-au-Perche sont les plus anciennes conservées en France. Ces tribunes sont visibles de l'extérieur de l'hippodrome.
En 1643, un marchand nommé Claude Trudon arrive à Paris et devient propriétaire d’une boutique de la rue Saint-Honoré. Épicier, il est aussi marchand graissier ou cirier et fournit à ses clients des chandelles pour l’éclairage domestique et les cierges pour la paroisse.
Au seuil du règne de Louis XIV, Maître Trudon crée ainsi une première petite manufacture familiale qui portera son nom et fera la fortune de ses héritiers. Son fils Jacques devient à son tour un droguiste-cirier et entre dans le sillage de la cours de Versailles sous le titre d’apothicaire distillateur de la reine Marie-Thérèse, épouse du Roi.
À cette époque, la cire fait l’objet de toutes les attentions : soigneusement récoltée sur la ruche, elle est « blanchie » par l’action répétée de l’eau après la fonte qui entraîne les impuretés. Séchée par la suite en plein air sous forme de longues lamelles, la cire prend alors une couleur blanche, éclaircie par l’action naturelle des rayons du soleil, dont la flamme, en brûlant, illumine les bords translucides.
Au XVIIIe siècle, en 1737, Jérôme Trudon rachète l’une des plus célèbres fabriques de cire de l’époque : la Manufacture Royale de Cire. La Maison fournit la cour de Louis XV, ainsi que les grandes églises de France. Plus d’une centaine d’ouvriers œuvrent alors à la manufacture. Le site existe toujours dans la ville d’Antony, au sud de Paris. Aujourd’hui encore, la Maison Trudon reste fournisseur de cierges et de chandelles, et développe depuis plusieurs décennies des bougies parfumées pour de nombreuse maisons de prestige.
Trudon s’inscrit dans le territoire dans le territoire du Parc naturel régional du Perche. Ancrée, sur le territoire, la participation de la Maison Ttudon à un projet de protection des espèces menacées sur place prend tout son sens. En 2008, l’entreprise choisit de s’engager financièrement, aux côtés du Parc du Perche, dans une démarche de conservation de la biodiversité percheronne.
Une jolie boutique aux odeurs parfumées au milieu de Mortagne-au-Perche |
Même si les bougies sont magnifiques et représentées bien souvent dans des revues ou derrière un bureau d'un ministre, leurs prix sont très élevés |
Rue Sainte-Croix, toujours à Mortargne-au-Perche, l’hôtel particulier Fouteau-Dutertre un chantier tout d’abord mis entre parenthèses pour des raisons administratives (il manquait certains documents, notamment pour les monuments historiques, et des recherches complémentaires étaient nécessaires à propos des sculptures à restaurer), avait été repris. Aujourd’hui, les ouvriers ont redonné au bâtiment sa splendeur d’autrefois.
Une très belle œuvre ! |
La basilique Notre-Dame de Montligeon est un édifice néo-gothique situé dans la commune française de La Chapelle-Montligeon et érigée de 1894 à 1911 par l'architecte Maître Tessier. Elle est consacrée à Notre-Dame Libératrice des âmes du Purgatoire. Elle est donc tout naturellement dédiée à la prière pour les défunts. Ses vitraux sont réputés et possèdent la double particularité de constituer un vaste ensemble, panorama de l'art du verre de 1917 à 1971, et de n'aborder que le seul thème de l'Eschatologie et de la Communion des saints.
À la fin du XIXe siècle, l’abbé Paul-Joseph Buguet est nommé curé de la Chapelle-Montligeon (61). Pour donner du travail à ses paroissiens, l’abbé Buguet s’est fait imprimeur, remueur de terre et de pierres. Pour baliser le chemin qui va de la terre au ciel, il s’est fait apôtre zélé et missionnaire infatigable. Deux œuvres nées, l’une d’un souci social et terrestre (l’imprimerie), l’autre d’un souci spirituel et céleste (la Fraternité de prière pour les défunts), se sont ainsi développées parallèlement, s’appuyant l’une sur l’autre et se justifiant l’une par l’autre.
L'orgue, actuellement dans le transept Nord provient de la maison Gutschenritter. Le buffet est l'oeuvre de M. Rual, menuisier d'art et sculpteur rennais. |
Le reflet des vitraux dû au rayon du soleil sur le mur me fait penser à une guirlande rayonnante |
La Basilique est ornée d'un vaste ensemble de vitraux composés à l'instruction des pèlerins, dans la tradition des imagiers du Moyen-Age. |
Après un essai dans la ganterie, l’abbé Buguet se lance, à l’instar de l’abbaye de La Trappe, dans l’imprimerie. Les débuts sont modestes, aidé par un ouvrier et une seule machine dans son presbytère. Mais l’activité prend de l’essor. Le développement de l’impression et de l’édition suit celui de l’Œuvre expiatoire. L’imprimerie s’occupe de toutes les publications de l’Œuvre : bulletins, almanachs, etc.
L'imprimerie |
Sur la commune de Feings, au domaine de brochard, nous devions pousser la porte d’un commerçant qui vend sur les marchés des produits de sa ferme : pâté de canard, rillettes de canard au pommeau, des rillettes de canard au foie gras, du boudin, d’ailleurs il est renommé le Roi du Boudin !
En passant par Malétable, juste derrière un virage je suis surprise de voir s’élancer vers le ciel l’église Notre Dame de la Salette. L’église Notre-Dame-de-la-Salette a été imaginée par l’abbé Jules Migorel (1826-1904), qui par trois fois, aurait eu la vision d’une église à construire, sur une hauteur, à la jonction de trois chemins. C’est entre 1865 et 1872, que l’église et sa tour sont édifiées avec les ressources de l’abbé, le concours de donateurs et l’aide des habitants de Malétable. La tour surprenante par son architecture, fait l’originalité de l’édifice. Elle est inscrite au titre des monuments historiques en 1978 ; Le reste de l’église inscrit en 1991. Il est urgent de réaliser des travaux indispensables à la sauvegarde de cet édifice remarquable de notre patrimoine. 1.280.000 euros sont nécessaires pour la restauration de la tour. L’église est basée sur un plan en croix latine qui comprend une nef unique de trois travées, avec deux chapelles en abside formant le transept terminé par un chœur lui aussi en abside. L’intérieur frappe par sa simplicité et le sentiment de ferveur qui se dégage notamment par les décors picturaux et le message de La Salette ceinturant le chœur. L’apparition de la Vierge aux deux enfants dans les Alpes est représentée naïvement par l’aménagement en silex, de la chapelle de gauche. L’église est séparée de la tour par un couloir. La tour est surprenante par son architecture originale et ses décors en arabesques de briques. Quatre tourelles d’angle supportent deux grandes statues d’anges en fonte et une en terre cuite, sous des baldaquins de cuivre. Au sommet, une verrière abrite un groupe sculpté de la Vierge et des deux enfants. À son arrivée, l’abbé Migorel reconnaît les lieux de ses visions prémonitoires : « Dieu me montera à 7 ou 8 lieues de distance de Mortagne, une église neuve bâtie sur une hauteur. Elle était ainsi que la tour, enveloppée d’une atmosphère lumineuse.»
Depuis le début du projet, la municipalité peut compter sur l’appui et la mobilisation de « l'Association de sauvegarde du patrimoine Rêv’neuve La Salette» créée en 2008. Tous les ans, elle propose des visites commentées de l’église. Elle organise aussi des animations comme des expositions, des concerts, des concours artistiques notamment à destination des enfants. Elle participe à Pierres en lumières, aux journées du patrimoine.
Et au fait, pourquoi « La Trappe » ? Sûrement à cause des pièges que les chasseurs posaient dans cette forêt, tout simplement.
Tout au long du XIXe siècle, La Trappe devient une exploitation agricole gigantesque qui vend ses produits dans dix magasins parisiens qui lui sont spécialement consacrés. L’abbaye de La Trappe accueille également au fil du temps une chocolaterie, une imprimerie, ou encore une pharmacie. Ainsi lancés sur le chemin de la modernité, les moines de La Trappe livrent leurs produits à l’extérieur et en font de la publicité avec les publicistes les plus réputés de l’époque. Les frères de La Trappe construisent même une voie de chemin de fer en 1895 ! 20.000 visiteurs viennent quotidiennement l’admirer lors de son inauguration qui dure neuf jours. Et preuve du rayonnement exceptionnel de La Trappe au XIXe, le roi Louis Philippe en personne y fait une visite en 1847. Pendant la Première Guerre mondiale, une partie de l’abbaye sert d’abris pour les blessés. Lors de la Seconde guerre mondiale, les frères jouent également un rôle actif dans la résistance avec les habitants du village de Soligny-La-Trappe. Aujourd’hui, à l’abbaye Notre-Dame de La Trappe, les vingt-deux cisterciens de la stricte observance – surnommés trappistes.
La boutique |
L'Abbaye |
«La découverte est un plaisir aussi subtil et intéressant que la connaissance..»
Eurydice: roman (édition 1971) - Jacques Lamarche
(Merci les amis qui se reconnaîtront.)
Voici que cette boucle se termine autour de Mortagne-au-Perche. Nous avons repris la route vers l'Ouest et nous voici en bivouac à Alençon, ville que je vous ferais découvrir.
Le brouillard et la fraîcheur du matin sont persistants. Des averses devraient s'inviter, le bleu devrait être moins persistant sur mes clichés, dommage, il sera remplacé par du gris.
À demain pour de nouvelles aventures et découvertes !
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