vendredi 29 mai 2020

Derrière les barreaux

J'ai pu avoir au téléphone un employé du consulat de France à Marrakech. En fait ce sont les compagnies fluviales qui "choisissent" les futurs embarqués. Elle vérifie seulement que les personnes sont bien inscrites sur la liste au consulat. La compagnie maritime GNV se fiche de nous ? Après une seconde heure d'attente, ma belle-sœur, encore avec beaucoup de patience, a réussi à avoir la compagnie au téléphone. Une nouvelle fois : il faut attendre, lui a répondu le monsieur peu aimable, si nous sommes "sélectionnés" nous recevrons un message... J'ai l'impression de mettre inscrite à un jeu ! "J'espère que je vais gagner !"

L'appareillage du 2 juin est complet, la compagnie continue à compléter celui du 9. Dans "mon petit village" 3 couples ont été "sélectionnés", et non 5 comme je le disais hier. Ils ont déjà un billet concernant une embarcation qui devait antérieurement prendre la mer pour Gêne (Italie) mais qui a été annulé. Il paraîtrait que tous les campings au sud du Maroc se vident. La priorité aurait été donnée à la ville, et ses alentours, d'Agadir. Notre tour viendra après. Le gouvernement français devrait envoyer d'autres bateaux. Toujours est-il que celui en partance le 13 est toujours maintenue, à la seule condition que la fin du confinement ne soit pas prolongé postérieurement au 10 juin comme il est actuellement consigné.

Derrière les barreaux je suis pleine de rancœur. Pourquoi eux et pas moi ? Pourquoi lui a payé 600 euros et un autre 1.200 euros pour un camping-car de masse volumique équivalente ? Pourquoi enfin, le prix d'un voyage dans un bateau de rapatriements est plus élevé que celui d'une traversée normale ?

Je dédaigne tous les blogueurs qui ont osé écrire que nous avions pris du bon temps sur le dos du Maroc, que nous sommes venus les coffres pleins pour ne pas dépenser notre argent français et ne pas faire travailler le pays d'accueil. Que maintenant nous hurlons pour revenir en profitant des bateaux de rapatriement gratuitement. Oui bien évidemment nous avons fait le choix de venir dans ce beau Pays, pour le découvrir, pour rencontrer des gens accueillants, pour leur apporter un peu de vêtements, de médicaments, de fournitures scolaires... Mais pas d'alimentation, d'ailleurs nous aurions bien tort, car le prix des fruits et des légumes sont dix fois moins élevés qu'en France. Nous sommes venus pour une période de 3 mois maximum. Notre titre de séjour n'est plus valable. Payer pour faire faire un tas de copies de pièces administratives qu'il fallait produire, payer pour les 8 photographies de chacun. Trouver un magasin ayant un copieur et un photographe en période de confinement n'est pas, non plus, un mince affaire ! Et, pour nous dire que le renouvellement de nos titres de séjour ne peut se faire en cette période sanitaire due au Covid-19.  Il a fallu nous rapprocher des assurances bancaires, automobiles pour reconduire nos contrats. Après tous ces tourments les blogueurs gribouillent ces insanités. Derrière les barreaux je hurle !

"Liberté !

De quel droit mettez-vous des oiseaux dans des cages ?
De quel droit ôtez-vous ces chanteurs aux bocages,
Aux sources, à l'aurore, à la nuée, aux vents ?
De quel droit volez-vous la vie à des vivants ?
Homme, crois-tu que Dieu, ce père, fasse naître
L'aile pour l'accrocher au clou de ta fenêtre ?
Ne peux-tu vivre heureux et content sans cela ?
Qu'est-ce qu'ils ont donc fait tous ces innocents-là

Pour être au bagne avec leur nid et leur femelle ?
Qui sait comment leur sort à notre sort se mêle ?
Qui sait si le verdier qu'on dérobe aux rameaux,
Qui sait si le malheur qu'on fait aux animaux
Et si la servitude inutile des bêtes
Ne se résolvent pas en Néron sur nos têtes ?
Qui sait si le carcan ne sort pas des licous ?
Oh ! de nos actions qui sait les contre-coups,

Et quels noirs croisements ont au fond du mystère
Tant de choses qu'on fait en riant sur la terre ?
Quand vous cadenassez sous un réseau de fer
Tous ces buveurs d'azur faits pour s'enivrer d'air,
Tous ces nageurs charmants de la lumière bleue,
Chardonneret, pinson, moineau franc, hochequeue,
Croyez-vous que le bec sanglant des passereaux
Ne touche pas à l'homme en heurtant ces barreaux ?

Prenez garde à la sombre équité. Prenez garde !
Partout où pleure et crie un captif, Dieu regarde.
Ne comprenez-vous pas que vous êtes méchants ?
À tous ces enfermés donnez la clef des champs !
Aux champs les rossignols, aux champs les hirondelles !
Les âmes expieront tout ce qu'on fait aux ailes.
La balance invisible a deux plateaux obscurs.
Prenez garde aux cachots dont vous ornez vos murs !

Du treillage aux fils d'or naissent les noires grilles ;
La volière sinistre est mère des bastilles.
Respect aux doux passants des airs, des prés, des eaux !
Toute la liberté qu'on prend à des oiseaux
Le destin juste et dur la reprend à des hommes.
Nous avons des tyrans parce que nous en sommes.
Tu veux être libre, homme ? et de quel droit, ayant
Chez toi le détenu, ce témoin effrayant ?

Ce qu'on croit sans défense est défendu par l'ombre.
Toute l'immensité sur le pauvre oiseau sombre
Se penche, et te dévoue à l'expiation.
Je t'admire, oppresseur, criant : oppression !
Le sort te tient pendant que ta démence brave
Ce forçat qui sur toi jette une ombre d'esclave ;
Et la cage qui pend au seuil de ta maison
Vit, chante, et fait sortir de terre la prison."

Victor Hugo (La Légende des siècles)
Il préférerait retrouver sa liberté, comme celui-ci

La courbe du nombre d'infection au coronavirus est remontée de 7.601 à 7.697 en 24 heures, le nombre de personnes guéries de 4.978 à 5.223. Ces nouvelles rémissions enregistrées porte le taux de guérison à 67,86%. Il n'y a pas de nouveau décès à déplorer le total est toujours de 202.

Sont décédés hier, en France Guy Bedos né le 15 juin 1934 à Alger (Algérie), humoriste français, connu pour ses positions politiques marquées à gauche et son combat contre les discriminations. Et au Maroc, Abderrahamane Youssouf, né le 8 mars 1924 à Tanger (Maroc), une grande perte pour le Maroc de l'ancien Premier ministre, cette figure de la gauche marocaine a permis au Maroc de passer une transition politique en douceur entre feu le roi Hassan II et le roi Mohammed VI.

Il fait bien moins chaud, c'est vraiment plus supportable car nous étouffions et ne pouvions pas nous réfugier près de l'Océan : il est toujours interdit de circuler sauf pour faire des courses de premières nécessités, aller à la pharmacie ou chez un médecin. Des couples de marocains sont séparés depuis près de 3 mois : l'un travaille au sud de Marrakech, l'autre au nord. La ville n'est pourtant pas si grande ! Mais non, c'est interdit, même avec une attestation !

Le thermomètre affiche :
À l'abri à l'heure marocaine

À l'extérieur

Prenez soin de vous.

À demain pour la suite de l'aventure !

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