lundi 25 mai 2020

Le chêne et le roseau

Oui, nous avons le droit de circuler, avec une attestation et toujours pour les motifs : médicaux, faire des courses de premières nécessités, se rendre au port, nous sommes toujours en confinement. Mais les magasins sont bien fermés. Un touriste s'était "cassé le nez" devant la devanture de la grande surface "Marjane", hier.
Certains camping-caristes font, à leur tour, leurs bagages. Ils vont rejoindre Tanger pour embarquer sur le prochain bateau. Vont rester ceux qui n'ont pas de billet de bateau, ceux qui préfèrent rester, ceux qui ont voulu attendre. Nous, nous resterons environ 140 personnes dans mon "petit village".
Après réflexion, nous avons bien fait de patienter un peu. Car, combien ont acheté un billet, puis deux, voire trois pour pouvoir enfin embarquer. Et, à quel prix ?

En fait, le Maroc n'a pas encore changé d'heure, c'est un bug informatique qui a modifié les écrans de téléphones. Le Maroc va repasser au Temps solaire moyen au méridien de Greenwich (GMT) +1 le dimanche 31 mai 2020 à 2 heures. Pour une petite semaine, Phil et moi avons déjà adopté ce nouvel horaire. Il faudra faire attention seulement si, l'un ou l'autre, veut sortir, cette semaine, faire des courses pour ne pas arriver avant l'ouverture du magasin.

J'ai beaucoup aimé lire les pages de Fabrice Midal intitulé " Ne vous laissez plus jamais faire ?" J'aurais pu m'inspirer pour écrire cet article, je ne joue pas dans la cour des grands, j'ai préféré transcrire quelques passages. Et, partager est mon idéal alors voici :

"Comment devenir fort ? Le surf est un vieil art polynésien, un rituel de passage réservé à l'origine aux princes et aux rois qui démontraient leur puissance en affrontant les vagues sur une longue planche de bois. Ils n'étaient pas plus musclés que les autres, mais ils se transmettaient un secret infaillible : l'intensité de la présence face à la violence de la vague.
La vague qui déferle ne peut pas être contrôlée ni annihilée. Refuser de la voir n'est pas non plus une solution : sa violence emporterait le surfeur le plus aguerri comme un simple fétu de paille. Le seul moyen de ne pas se laisser écraser par elle est d'entrer en rapport avec elle, de se mouvoir en harmonie avec elle, de danser avec elle et ainsi de la dompter.
La vague est comme la tempête devant laquelle plie le roseau de la fable. Parce qu'il sait danser avec le vent, il en triomphe, alors que le vigoureux chêne, qui reste debout dans une démonstration de toute-puissance, est déraciné. Le roseau n'est pas "puissant" dans le sens commun où nous entendons le mot puissance. Il n'est pas intrinsèquement "fort". Mais il se révèle fort en sachant résister et triompher de l'emmerde qu'est la tempête.
J'ai rencontré des roseaux. Des personnes tout à fait ordinaires qui ont traversé des épreuves extraordinaires. … "La force n'est pas statique, elle vient dans l'épreuve", écrit Nietzsche dans Le crépuscule des idoles. Cette force, il l'appelle la "volonté de puissance" qui nous meut au moment où nous avons le plus besoin d'elle. Elle ne se contrôle pas. Notre seul pouvoir est de la reconnaître et de nous confier à elle. De lui accorder notre confiance et de suivre le mouvement de la vie qu'elle nous indique. De nous déployer avec elle plutôt que de nous laisser ronger par le ressentiment, la peur, la culpabilité.
La force naît quand nous apprenons à dire oui à la vie, à la laisser croître en nous plutôt que de nous auto-maltraiter par la plainte incessante. Elle n'est pas un préalable à l'engagement, mais une résultante de l'engagement. Le surfeur n'est pas fort avant de rencontrer la vague. Il acquiert sa force grâce à la vague qu'il regarde en face, en anticipant la manière dont elle se déploie.
.. La méditation m'a appris à sortir de ma bulle pour être attentif, curieux, présent à la réalité. À surfer avec ses vagues. À plier avec ses tempêtes. À l'accompagner au lieu de chercher vainement à m'en protéger.
J'ai médité. Je me suis assis. Je me suis posé à terre. J'ai accepté de ne pas tout savoir. De ne pas tout contrôler. Je suis triste, je suis angoissé, j'ai des emmerdes, il fait trop chaud, j'ai mal au dos, il y a de la joie : Je laisse tout venir, je me contente d'observer. Tous, y compris le bruit de cette voiture qui vient de la rue et me perturbe, le chant de l'oiseau qui m'émerveille, mon téléphone qui sonne parce que j'ai oublié de le placer en mode silencieux. Je suis avec ce qui est. J'entre en rapport avec toutes ces réalités. Je n'analyse pas, je ne rêve pas, je n'élabore pas des conceptions sur ce que ma vie devrait être et qu'elle n'est pas.
Je m'enracine pour être enfin quelque part. Pour trouver un sol, même s'il n'est pas parfait. Je m'assieds dans ma vie telle qu'elle est, avec ses réussites, ses possibles, ses échecs, j'écoute son rythme en moi au lieu de vouloir lui imposer mon propre rythme. Je vois la vague. On me dit qu'elle est un ennemi, qu'il ne devrait pas y avoir de vagues. Je réalise que s'il n'y a pas de vagues pour me stimuler, il n'y a plus de vie. Je cesse de me sentir faible. Je deviens le roi surfeur qui épouse la force de la vague et s'en abreuve. Car la méditation n'est pas un acte de renoncement, d'étouffement, mais une façon de ne rien fuir, de s'ouvrir à tout comme une fleur au matin.
Nous sommes tous des roseaux, nous sommes tous des héros. Nous sommes tous capables d'avoir la force avec nous. Surtout quand nous nous sentons vulnérables ! "L'homme courageux est à l'épreuve de la crainte autant qu'homme peut l'être", dit Aristote dans l'un de ses plus beaux enseignements à Nicomaque. Il n'est pas courageux parce qu'il entre en rapport avec sa crainte. Il est fort parce qu'il a peur. Il est fort parce qu'il ose trembler, il est fort parce qu'il y a des jours où qu'il ose pleurer, il ose être touché, il ose toucher la réalité.
.. Je suis fort dès que je ne cherche pas à me préserver de la réalité, mais sais prendre appui sur elle pour avancer."
"La force n'est pas la puissance du chêne. Elle est la force du roseau."
Merci Sylvie

En rétention, dans "mon petit village", sous l'astre brûlant, je ne tremble pas, je ne me mêle pas des conversations tumultueuses. Placide, je préfère attendre. Je demande seulement au soleil d'envoyer des rayons un peu moins cuisants. Mais, m'écoute t-il ? Les Africains prient le ciel d'envoyer de la pluie, ils pleurent à genoux, mais l'averse ne vient pas. Alors je suis patiente, car j'ai la chance d'avoir une porte qui va s'ouvrir bientôt. Oui, bientôt je vais fouler le sol français, je vais revoir ma patrie.

Profitez de l'instant présent

Profitez de cette belle nature

Je ne regretterai pas de partir, mais, je n'oublierai pas ces perspectives

Bonne nouvelle, le nombre d'infections au coronavirus est passé que de 7.429 à 7.433 en 24 heures, et celui de personnes guéries, de 4.686 à 4.703. En outre, un nouveau décès est à déplorer le total est passé de 198 à 199.

La température affiche
À l'abri à l'heure, future, marocaine

À l'ombre, le gérant du camping dit qu'il n'y a jamais eu des températures
aussi élevées à cette époque de l'année.

Prenez soin de vous.

À demain pour la suite de l'aventure !

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