mercredi 6 mai 2020

Le ftour

Le mercredi 8 janvier 2020, au matin, il faisait beaucoup moins froid à Monesterio. Nous reprenions la route en direction de Séville, puis traversions la ville envahit de véhicules en tous genres, il était 9 heures 30, heure d'embauche pour beaucoup.
En direction de Jerez de Frontera, au Sud-Est, un incommensurable soleil ambré levant gênait Phil, qui mettait souvent sa main en visière pour se protéger de la lueur intense et, surtout pour voir les véhicules qui roulaient en tous sens sur les larges artères. De mon côté, j'essayais, au mieux, de le guider : - "prends la file de gauche, reste au milieu, il faut tourner à droite..." Ce n'est jamais bien facile de traverser une grande ville à cette heure de la journée.
Nous arrivions sans encombre, et plutôt facilement, en suivant le courant des files de véhicules à la sortie sur une nationale vers le Sud. Il n'y avait pas d'autovia en cette région, toutefois les travaux, en cours, me donnaient l'impression qu'une était en construction.
Nous contournions Jerez de Frontera, les oliviers s'étalaient jusqu'à l'horizon dans cette belle région. Les rayons du soleil illuminaient les arbustes aux feuillages verdoyants dans les vallons couverts de la rosée matinale. La vue était remarquable. C'était bien plus agréable de rouler sur la nationale que sur l'autopista (autoroute payante) qui longeait notre route ou la croisait tantôt par-dessus, tantôt par-dessous. Je profitais de la beauté des paysages sous les rayons du soleil, la température extérieure était de 18 degrés, un temps que les Bretons enviaient.
Nous contournions allégrement Jerez de Fontera pour rejoindre l'autovia en direction d'Algéciras. Je pressentais l'arrivée de la fin de l'Europe.
Le gps nous guidait parfaitement bien car nous sommes arrivés exactement entre le grand parking d'une grande surface "Carrefour" et l'agence de voyage "Gutierrez" où nous allions acheter nos billets aller/retour Algèciras - Tanger Med. Les camping-caristes habitués à passer l'hiver, depuis quelques années, au Maroc connaissent bien cet endroit : Nous nous en sommes aperçus en les regardant, de notre habitacle, se concerter. Ils se reconnaissent, ils se rassemblent.
Nous décidions de prendre le bateau du lendemain, entre celui de 8 heures et l'autre de 11 heures, nous préférions le second, car nous n'avions pas l'intention de nous lever aux aurores surtout que nous n'étions pas exactement sur le port et devions y être une heure avant l'embarquement.
Nous étudions, déjà, la carte du Maroc, le lendemain, nous y serons ! Mais, pour combien de temps ? Trois mois était notre objectif, confinés, nous arriverons début juin à 6 mois !

Dans mon article d'hier, j'indiquais que la compagnie maritime italienne GNV avait reporté le départ du 8 mai au 12. Qu'il semblait que les appareillages des 12 et 16 étaient confirmés. Et, que la compagnie ne parlait plus du 24. Puis, à la fin de ce même article, j'apprenais que l'embarcation du 16 était annulé. Nous croisons les doigts pour que notre bateau parte bien le 13 juin et ce sans date de modification.

Nous sommes tous épuisés d'attendre, surtout de ne pas savoir. J'ai écris une lettre pour informer de notre situation et surtout de l'attitude de la compagnie GNV à 50 millions de consommateurs, aux Ministère des Affaires Étrangères et aux journaux suivants :
  • Ouest France,
  • L'Est Républicain,
  • Dernière Nouvelle d'Alsace,
  • Var Matin,
  • La Provence.

Hier soir nous étions invités par toute l'équipe du camping à partager un ftour. Le ftour est un repas qui se déroule à la rupture du jeûne où la famille et les amis se rassemblent. Avec cette pandémie et l'état de confinement les rassemblement sont interdits, il n'empêche que les gérants du camping ont organisé cette fête en invitant un petit groupe de personnes choisies. Cette invitation sera renouvelée chaque mardi soir avec d'autres camping-caristes afin que tous les 180, que nous sommes, puissent en bénéficier.

C'était notre tour hier, nous étions dans le premier groupe. Les petits plats dans les grands, comme on dit en France ! D'abord les musulmans après avoir entendu l'appel de la mosquée, au coucher du soleil, boivent un petit verre de lait et mangent 2, 4 ou 6 dattes. Jamais un nombre impair. Puis ils vont prier, à la mosquée (en cette période de confinement, ils prient, seuls, chez eux). Et arrive le moment que nous avons partagé. Les plats, cuisinés toute la journée avec application, sont alignés avec parcimonie, en quinconce, sur des tables. Briwats légumes, briwats poulet, briwats fruits de mer, crêpe baghrir, crêpes msomen, batbotes farcis...., Quel bonheur de partager ce repas. Merci à toute l'équipe.




Céline, la secrétaire devant Cristina la gérante du camping

Jessie, le gérant du camping en tenu d'apparât 

Armed


De gauche à droite, Armed, un des employés, Marro, le gardien de nuit, et David, en français, le serveur

À gauche, Omar, le cuisiner, à droite, Youssef en djellaba pour les circonstances, un des employés


Oui, tu es beau Jessie !

Merci Armed, je veux bien une part de pastèque de Zagora.

[… Ma chère Brett
Peut-être te souviens-tu de cette histoire que je te racontais, au sujet du vieil homme en quête du bonheur. Il ère à travers le monde et demande à tous ceux qui croisent son chemin s'ils peuvent partager avec lui le secret d'une vie heureuse. Personne n'en est capable. Le vieil homme rencontre Bouddha, qui accepte de lui révéler ce secret. Bouddha se penche et prend l'homme par les mains. Il plonge son regard dans ses yeux las et lui dit : "Ne faites jamais le mal. Faites toujours le bien." Le vieil homme le dévisage, perplexe. "Mais c'est trop simple. Je sais cela depuis que j'ai trois ans !" "Oui, dit Bouddha. Nous savons tous cela à l'âge de trois ans. Mais lorsque nous atteignons quatre-vingt ans, nous l'avons oublié."... ]

Inspirée du livre de poche "Demain est un autre jour"
page 205 et 206
de Lori Nelson Spielman


Le nombre d'infection au coronavirus augmente de 5.053 à 5.382 en 24 heures. L'écart entre le nombre de décès qui passe de 179 à 182 et celui de personnes guéries passées de 1.653 à 1.969 se creuse toujours. La levée du confinement du 20 mai pourrait être reportée, peut-être, jusqu'à la fin du ramadan (24 ou 25 mai 2020). J'espère que cette date ne sera pas fixée après l'Aid el-Kebir (fête du mouton) qui est fixée le 31 juillet 2020 !

Aujourd'hui, l'atmosphère est très lourde. Le thermomètre affiche :

À l'abri, à l'heure marocaine (heure du soleil)

Au soleil
Prenez soin de vous.

À demain pour la suite de l'aventure !

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