Le
samedi 4 janvier 2020 à 7 heures 35 le thermomètre affichait 2
degrés. Après avoir fait le plein de victuailles, il était déjà
11 heures lorsque nous reprenions la route.
Nous
étions fatigués, moralement et physiquement, tous les deux. Phil
conduisait, je le guidais, comme toujours. Il paraît que je ne suis
pas si mauvaise copilote !
Le
soleil m'éblouissait, je regardais la route sans enthousiasme, le
paysage défilait derrière la fenêtre ou le pare-brise. Mon esprit
était ailleurs. Était-ce un pressentiment ?
Je
baissais souvent la tête pour regarder la carte sur le gps, posé
sur mes genoux, ou rechercher une aire de service pour le soir. Nous
voulions passer, demain dimanche, la ville de Bordeaux. Il fallait
donc que nous nous en approchions.
C'était
à 90 kilomètres de la ville lumière que nous nous étions arrêtés,
sur une belle aire de service, à St Genis de Saintonge. Il était 15
heures 45, le ciel était bleu, le soleil brillait. Et pourtant, il
ne faisait que 9 degrés...
"Et tout s’est
arrêté…
Ce monde lancé comme
un bolide dans sa course folle, ce monde dont nous savions tous qu’il
courait à sa perte mais dont personne ne trouvait le bouton "arrêt
d’urgence", cette gigantesque machine a soudainement été
stoppée net. À cause d’une toute petite bête, un tout petit
parasite invisible à l’œil nu, un petit virus de rien du tout…
Quelle ironie ! Et nous voilà contraints à ne plus bouger et à
ne plus rien faire. Mais que va t-il se passer après ? Lorsque
le monde va reprendre sa marche ; Après, lorsque la vilaine
petite bête aura été vaincue, A quoi ressemblera notre vie après ?
Après ?
Nous souvenant de ce
que nous aurons vécu dans ce long confinement, nous déciderons d’un
jour dans la semaine où nous cesserons de travailler car nous aurons
redécouvert comme il est bon de s’arrêter ; un long jour
pour goûter le temps qui passe et les autres qui nous entourent. Et
nous appellerons cela le dimanche.
Après ?
Ceux qui habiteront
sous le même toit, passeront au moins 3 soirées par semaine
ensemble, à jouer,
à parler, à prendre
soin les uns des autres et aussi à téléphoner à papy qui vit seul
de l’autre côté de
la ville ou aux
cousins qui sont loin. Et nous appellerons cela la famille.
Après ?
Nous écrirons dans la
Constitution qu’on ne peut pas tout acheter, qu’il faut faire la
différence entre besoin et caprice, entre désir et convoitise ;
qu’un arbre a besoin de temps pour pousser et que le temps qui
prend son temps est une bonne chose. Que l’homme n’a jamais été
et ne sera jamais tout puissant et que cette limite, cette fragilité
inscrite au fond de son être est une bénédiction puisqu’elle est
la condition de possibilité de tout amour. Et nous appellerons cela
la sagesse.
Après ?
Nous applaudirons
chaque jour, pas seulement le personnel médical à 20 heures mais
aussi les éboueurs à 6 heures, les postiers à 7 heures, les
boulangers à 8 heures, les chauffeurs de bus à 9 heures, les élus
à 10 heures et ainsi de suite.
Oui, j’ai bien écrit
les élus, car dans cette longue traversée du désert, nous aurons
redécouvert le sens du service de l’État, du dévouement et du
Bien Commun. Nous applaudirons toutes celles et ceux qui, d’une
manière ou d’une autre, sont au service de leur prochain. Et nous
appellerons cela la gratitude.
Après ?
Nous déciderons de ne
plus nous énerver dans la file d’attente devant les magasins et de
profiter de
ce temps pour parler
aux personnes qui comme nous, attendent leur tour. Parce que nous
aurons redécouvert que le temps ne nous appartient pas ; que
Celui qui nous l’a donné ne nous a rien fait payer et que
décidément, non, le temps ce n’est pas de l’argent ! Le
temps c’est un don à recevoir et
chaque minute un
cadeau à goûter. Et nous appellerons cela la patience.
Après ?
Nous pourrons décider
de transformer tous les groupes WhatsApp créés entre voisins
pendant cette longue épreuve, en groupes réels, de dîners
partagés, de nouvelles échangées, d’entraide pour aller faire
les courses où amener les enfants à l’école. Et nous appellerons
cela la fraternité.
Après ?
Nous rirons en pensant
à avant, lorsque nous étions tombés dans l’esclavage d’une
machine financière que nous avions nous-mêmes créée, cette poigne
despotique broyant des vies humaines et saccageant la planète.
Après, nous remettrons l’homme au centre de tout parce qu’aucune
vie ne mérite d’être sacrifiée au nom d’un système, quel
qu’il soit. Et nous appellerons cela la justice.
Après ?
Nous nous souviendrons
que ce virus s’est transmis entre nous sans faire de distinction de
couleur de peau, de culture, de niveau de revenu ou de religion.
Simplement parce que nous appartenons tous à l’espèce humaine.
Simplement parce que nous sommes humains. Et de cela nous aurons
appris que si nous pouvons nous transmettre le pire, nous pouvons
aussi nous transmettre le meilleur. Simplement parce que nous sommes
humains. Et nous appellerons cela l’humanité.
Après ?
Dans nos maisons, dans
nos familles, il y aura de nombreuses chaises vides et nous
pleurerons celles et ceux qui ne verront jamais cet après. Mais ce
que nous aurons vécu aura été si douloureux et si intense à la
fois que nous aurons découvert ce lien entre nous, cette communion
plus forte que la distance géographique. Et nous saurons que ce lien
qui se joue de l’espace, se joue aussi du temps ; Que ce lien
passe la mort. Et ce lien entre nous qui unit ce côté-ci et l’autre
de la rue, ce côté-ci et l’autre de la mort, ce côté-ci et
l’autre de la vie, nous l’appellerons Dieu.
Après ?
Après ce sera
différent d’avant mais pour vivre cet après, il nous faut
traverser le présent. Il nous faut consentir à cette autre mort qui
se joue en nous, cette mort bien plus éprouvante que la mort
physique. Car il n’y a pas de résurrection sans passion, pas de
vie sans passer par la mort, pas de vraie paix sans avoir vaincu sa
propre haine, ni de joie sans avoir traversé la tristesse. Et pour
dire cela, pour dire cette lente transformation de nous qui
s’accomplit au cœur de l’épreuve, cette longue gestation de
nous-mêmes, pour dire cela, il n’existe pas de mot."
Écrit par Pierre Alain
LEJEUNE, prêtre à Bordeaux
Merci Michelle
À la demande du gérant du camping, un
poissonnier vendant du fretin frais passera pour la première fois
lundi prochain. Si la vente est
concluante il pourrait revenir tous les lundis. Dommage, j'avais déjà
acheté du thon et du requin à la poissonnerie du magasin "Marjane".
Le congélateur est plein et j'avoue qu'avec cette chaleur nous ne
mangeons presque pas.
L'équipe du camping désire inviter gratuitement, un soir de la semaine, un groupe de personnes souhaitant expérimenter un ftour marocain à la rupture du jeûne à la fin de journée. Cela nous donnera une idée de ce que nos amis marocains mangent durant le ramadan. Nous nous sommes inscrits...
Le
nombre d'infection au coronavirus s'alourdit en passant de 4.423 à
4.687 en 24 heures. L'écart entre le nombre de décès qui passe de
170 à 172 et celui de personnes guéries passées de 984 à
1.235 se creuse. 33.415 cas sont exclus après des tests
négatifs en laboratoire et 3.280 cas sont en cours de traitement.
La nuit s'est écartée pour laisser un ciel bleu chargé de chaleur |
Il
fait de plus en plus chaud, les douches des sanitaires sont toujours
prises d'assaut. À 7 heures, ce matin, il faisait déjà 23 degrés
à l'abri. La météo annonce des températures de plus de 40 degrés
à l'abri pour demain. Le thermomètre affiche :
À l'abri, à l'heure marocaine (heure du soleil) |
Au soleil, à la même heure....
|
Prenez soin de vous.
À demain pour la suite
de l'aventure !
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