vendredi 1 mai 2020

Un départ sans date de retour

Vendredi 3 janvier 2020, 7 heures 35. La nuit était si noire que je ne voyais pas la couleur du ciel. Même pas un clair de lune ou une étoile pour me faire un signe. Le thermomètre affichait 11 degrés.
J'étais si contente de partir, encore, découvrir de nouveaux horizons. Mais une longue route nous séparait du Maroc.
Nous prenions la direction de Cholet où nous allions rendre visite à belle-maman. Une nonagénaire ayant du caractère et de la volonté. Ses années de labeur l'ont usée. Ses os sont effrités, ses muscles sont rongés, son cœur est fatigué. Sa mémoire s'en va. Elle tombe, les pompiers la relève et l'emporte vers l'hôpital. Elle se casse un genou, un poignée, une épaule, un col du fémur, le fémur, un pied... Elle arrive au centre hospitalier où son corps, s'affaiblissant, est rafistolé avec une plaque, une broche, une prothèse. Elle est emmenée pour se reposer en maison de convalescence quelques semaines. Une ambulance la ramène à son domicile. Et, une fois de plus : elle tombe... Une figure bleuit par le choc en frappant le sol ou une table, une paupière recousue, un autre membre de cassé et cela recommence. Elle ne se souvient pas, ou ne veut plus rien savoir. Cela reste t-il un mystère ?

La pluie était intermittente, puis le jour se levant, une montagne de nuages noires s'élevaient dans le ciel laissant un demi-dôme du soleil flamboyant. Une journée ensoleillée s'annonçait.

Pendant que Phil conversait avec sa maman, je scrutais par la fenêtre et regardais l'horizon par-dessus les toits Choletais, en écoutant des brides de phrases inachevées ou incohérentes. Quelques illuminations éclairaient les rues, les fêtes de fin d'année se terminaient. Un nouvel année s'annonçait.
C'est triste de vieillir, c'est triste de voir les siens vieillir. Phil était inquiet, mais nous partions tout de même. À quoi cela changerait t-il de rester ? Nous allions découvrir de nouveaux paysages que je décris dans ce blog, et que Francine lui lira, avec frénésie.
Or une pandémie retient le Monde ! Confinés au Maroc, notre absence est plus longue qu'il était prévu. Je dois attendre pour embrasser, belle-maman, mais aussi mes parents, sœurette et sa petite famille et mes ami(e)s.

Le nombre d'infection au coronavirus passe légèrement de 4.321 à 4.423 en 24 heures. L'écart entre le nombre de décès qui passe de 168 à 170 et celui de personnes guéries passées de 928 à 984 se creuse toujours : le taux de rémission s'est élevé à 22,2% et celui de mortalité à légèrement diminué pour s'établir à 3,8%. Le nombre de cas exclus après des résultats négatifs s'élève à 30.418. Le Maroc prépare la fin du confinement. Un texte est sorti : le renforcement du diagnostic et du dépistage précoce à compter d'aujourd'hui, les transports aériens internationaux reprendront progressivement à compter du 1er juin, je suppose qu'en ce qui concerne les voies maritimes touristiques, le projet est à l'étude.

Sur l'air de la chanson "Les mistrals gagnants" de Renaud

"Tu nous viens de très loin,
par de nombreux chemins,
tu nous prends par la main,
on n'sent rien !
Tu rentres dans nos maisons,
t'installes dans le salon,
prends tes aises,
on s'dit tous "c'est foutaise",
on de parle que de toi,
partout dans les média,
on ne te connaît pas,
mais t'es là,
tu veux l'monde à tes pieds,
comme un enfant gâté,
tu te prends pour un roi,
hors-la-loi !
T'es vraiment pitoyable,
tu n'es qu'un p'tit minable,
face à nos citoyens admirables,
tu choisis les moins forts,
tu veux jouer les cadors,
pourtant tu n'es qu'un tout p'tit minus,
Coronavirus,
ça y est t'as gagné,
on est tous confinés,
mais crois pas,
qu'on va s'arrêter là !
Nos soignants, boulangers,
pharmaciens et bouchers,
sont bien plus forts
que ton tout p'tit corps,
t'es pas capable de vivre,
si tu restes à l'air libre,
t'as besoin de nous, mais
on s'en fout,
laisse tranquille nos enfants,
et tous nos grands-parents,
prends tes cliques et tire-toi,
mais laisse-moi !
Les caissières, les éboueurs,
les pompiers, les facteurs,
t'empêcheront de monter dans le bus
rends-nous la liberté,
la joie de nous aimer,
arrête de t'accrocher mordicus,
coronavirus.
Laisse-nous pleurer sans toi,
nous souvenir de ceux-là,
que t'as pris dans tes bras,
tant de fois,
laisse-nous sortir dehors,
laisse-nous jouer un quatuor,
laisse-nous vivre au grand air,
prendre un verre,
laisse-nous sécher nos larmes
bien affûter nos armes,
prépare-toi au combat,
on vaincra !
Cet été, tu verras,
on pensera plus à toi,
on jouera tous ensemble,
ah, tu trembles,
t'as compris tu perdras,
autant t'arrêter là,
c'est fini, allez ouste tu t'en vas,
on veut pleurer de joie,
danser sous les étoiles,
oublier notre long confin'ment,
p'tit virus perdant !"
Merci Blandine

Il fait de plus en plus chaud, les douches des sanitaires sont prises d'assaut. À 7 heures, ce matin, il faisait déjà 21 degrés à l'abri. Le thermomètre affiche :
À l'abri, à l'heure marocaine (heure du soleil)
 
Au soleil, à 10 heures, j'avais peur que le thermomètre explose cet après-midi
la météo annonce des températures avoisinant les 40 degrés à l'abri !

Il fait tellement chaud, qu'il n'y a pas de joueurs de boules sur les terrains. J'avais promis un gâteau aux pommes à la poêle, celui dont vous avez la recette dans l'article : "Gâteau aux pommes à la poêle pour un short". Alors j'ai invité les joueurs de boules, nous serons 8 à notre table à 15 heures et comme il va être, bientôt 14 heures, je vous laisse !

Phil et moi souhaitons un joli mois de mai à tous.

Reviendrons-nous en mai ?

Que ces brins de muguets vous portent bonheur !
Prenez soin de vous.

À demain pour la suite de l'aventure !

1 commentaire:

  1. La maman de ton homme a une longue vie et votre départ au Maroc lui permet de vibrer, de vivre vos aventures par procuration, certes!
    Ce ressenti que tu exprimes sur le fait de vieillir est très important, il ne faut pas oublier que dès la naissance et peut-être même avant, c'est un choix ( vivre ou mourir) qu'il t'appartient en fonction des objectifs, du sens que tu donnes à ton existence. Le corps a aussi ses limites, cette enveloppe n'est pas seule, l'âme qui l'accompagne peut nuancer ou modifier ses contraintes et c'est cet aspect qui me fait réagir.
    Aussi, tous les liens humains que tu construis renforceront cette pseudo immunité et à l'image de la nature, ce savant équilibre est à préserver.



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