Vendredi
3 janvier 2020, 7 heures 35. La nuit était si noire que je ne voyais
pas la couleur du ciel. Même pas un clair de lune ou une étoile
pour me faire un signe. Le thermomètre affichait 11 degrés.
J'étais
si contente de partir, encore, découvrir de nouveaux horizons. Mais
une longue route nous séparait du Maroc.
Nous
prenions la direction de Cholet où nous allions rendre visite à
belle-maman. Une nonagénaire ayant du caractère et de la volonté.
Ses années de labeur l'ont usée. Ses os sont effrités, ses muscles
sont rongés, son cœur est fatigué. Sa mémoire s'en va. Elle
tombe, les pompiers la relève et l'emporte vers l'hôpital. Elle se
casse un genou, un poignée, une épaule, un col du fémur, le fémur,
un pied... Elle arrive au centre hospitalier où son corps,
s'affaiblissant, est rafistolé avec une plaque, une broche, une
prothèse. Elle est emmenée pour se reposer en maison de
convalescence quelques semaines. Une ambulance la ramène à son
domicile. Et, une fois de plus : elle tombe... Une figure bleuit
par le choc en frappant le sol ou une table, une paupière recousue,
un autre membre de cassé et cela recommence. Elle ne se souvient
pas, ou ne veut plus rien savoir. Cela reste t-il un mystère ?
La
pluie était intermittente, puis le jour se levant, une montagne de
nuages noires s'élevaient dans le ciel laissant un demi-dôme du
soleil flamboyant. Une journée ensoleillée s'annonçait.
Pendant
que Phil conversait avec sa maman, je scrutais par la fenêtre et
regardais l'horizon par-dessus les toits Choletais, en écoutant des
brides de phrases inachevées ou incohérentes. Quelques
illuminations éclairaient les rues, les fêtes de fin d'année se
terminaient. Un nouvel année s'annonçait.
C'est
triste de vieillir, c'est triste de voir les siens vieillir. Phil
était inquiet, mais nous partions tout de même. À quoi cela
changerait t-il de rester ? Nous allions découvrir de nouveaux
paysages que je décris dans ce blog, et que Francine lui
lira, avec frénésie.
Or
une pandémie retient le Monde ! Confinés au Maroc, notre
absence est plus longue qu'il était prévu. Je dois attendre pour
embrasser, belle-maman, mais aussi mes parents, sœurette et sa petite famille et mes ami(e)s.
Le nombre d'infection au
coronavirus passe légèrement de 4.321 à 4.423 en 24 heures.
L'écart entre le nombre de décès qui passe de 168 à 170 et celui
de personnes guéries passées de 928 à
984 se creuse toujours : le taux de rémission s'est élevé à
22,2% et celui de mortalité à légèrement diminué pour s'établir
à 3,8%. Le nombre de cas exclus après des résultats négatifs
s'élève à 30.418. Le Maroc prépare la fin du confinement. Un
texte est sorti : le renforcement du diagnostic et du dépistage
précoce à compter d'aujourd'hui, les transports aériens
internationaux reprendront progressivement à compter du 1er juin, je
suppose qu'en ce qui concerne les voies maritimes touristiques, le
projet est à l'étude.
Sur l'air de la chanson "Les mistrals gagnants" de Renaud
"Tu nous viens de
très loin,
par de nombreux chemins,
tu nous prends par la
main,
on n'sent rien !
Tu rentres dans nos
maisons,
t'installes dans le
salon,
prends tes aises,
on s'dit tous "c'est
foutaise",
on de parle que de toi,
partout dans les média,
on ne te connaît pas,
mais t'es là,
tu veux l'monde à tes
pieds,
comme un enfant gâté,
tu te prends pour un roi,
hors-la-loi !
T'es vraiment pitoyable,
tu n'es qu'un p'tit
minable,
face à nos citoyens
admirables,
tu choisis les moins
forts,
tu veux jouer les cadors,
pourtant tu n'es qu'un
tout p'tit minus,
Coronavirus,
ça y est t'as gagné,
on est tous confinés,
mais crois pas,
qu'on va s'arrêter là !
Nos soignants,
boulangers,
pharmaciens et bouchers,
sont bien plus forts
que ton tout p'tit corps,
t'es pas capable de
vivre,
si tu restes à l'air
libre,
t'as besoin de nous, mais
on s'en fout,
laisse tranquille nos
enfants,
et tous nos
grands-parents,
prends tes cliques et
tire-toi,
mais laisse-moi !
Les caissières, les
éboueurs,
les pompiers, les
facteurs,
t'empêcheront de monter
dans le bus
rends-nous la liberté,
la joie de nous aimer,
arrête de t'accrocher
mordicus,
coronavirus.
Laisse-nous pleurer sans
toi,
nous souvenir de ceux-là,
que t'as pris dans tes
bras,
tant de fois,
laisse-nous sortir
dehors,
laisse-nous jouer un
quatuor,
laisse-nous vivre au
grand air,
prendre un verre,
laisse-nous sécher nos
larmes
bien affûter nos armes,
prépare-toi au combat,
on vaincra !
Cet été, tu verras,
on pensera plus à toi,
on jouera tous ensemble,
ah, tu trembles,
t'as compris tu perdras,
autant t'arrêter là,
c'est fini, allez ouste
tu t'en vas,
on veut pleurer de joie,
danser sous les étoiles,
oublier notre long
confin'ment,
p'tit virus perdant !"
Merci
Blandine
Il
fait de plus en plus chaud, les douches des sanitaires sont prises
d'assaut. À 7 heures, ce matin, il faisait déjà 21 degrés à
l'abri. Le thermomètre affiche :
À l'abri, à l'heure
marocaine (heure du soleil) |
Au soleil, à 10 heures, j'avais peur que le thermomètre explose cet après-midi la météo annonce des températures avoisinant les 40 degrés à l'abri ! |
Il fait tellement chaud, qu'il n'y a pas de joueurs de boules sur les terrains. J'avais promis un gâteau aux pommes à la poêle, celui dont vous avez la recette dans l'article : "Gâteau aux pommes à la poêle pour un short". Alors j'ai invité les joueurs de boules, nous serons 8 à notre table à 15 heures et comme il va être, bientôt 14 heures, je vous laisse !
Phil et moi souhaitons un
joli mois de mai à tous.
Reviendrons-nous en mai ? |
Que ces brins de muguets vous portent bonheur ! |
Prenez soin de vous.
À demain pour la suite
de l'aventure !
La maman de ton homme a une longue vie et votre départ au Maroc lui permet de vibrer, de vivre vos aventures par procuration, certes!
RépondreSupprimerCe ressenti que tu exprimes sur le fait de vieillir est très important, il ne faut pas oublier que dès la naissance et peut-être même avant, c'est un choix ( vivre ou mourir) qu'il t'appartient en fonction des objectifs, du sens que tu donnes à ton existence. Le corps a aussi ses limites, cette enveloppe n'est pas seule, l'âme qui l'accompagne peut nuancer ou modifier ses contraintes et c'est cet aspect qui me fait réagir.
Aussi, tous les liens humains que tu construis renforceront cette pseudo immunité et à l'image de la nature, ce savant équilibre est à préserver.