dimanche 15 janvier 2023

Le couscous

Le couscous, tout comme le tajine, est un plat traditionnel emblématique des pays du Maghreb (Tunisie, Maroc, Algérie, Lybie, Mauritanie et le Sahara occidental). En effet, la semoule de blé dur est l’aliment de base de ces pays. Elle est différente du blé tendre, appelé aussi «froment», lequel est utilisé pour la fabrication du pain, de la pizza… Et le terme «couscous» désigne aussi bien la semoule (une fois cuite à la vapeur) que le plat en entier.

L’origine du couscous est souvent attribuée, par les historiens, au peuple berbère (groupe ethnique autochtone d’Afrique du Nord). D’ailleurs, le plus vieux couscoussier au monde, datant du XIe siècle, a été découvert en Kabylie (région d’Algérie peuplée de Berbères) où l’on cultivait déjà le blé. Et le mot «couscous» vient du mot berbère «k’seksu» (ou encore «seksu»). Par la suite, ce plat s’est étendu dans le monde entier en commençant par le bassin méditerranéen (Espagne, Italie, Grèce, Turquie, Syrie, Maroc, Algérie…).

Le couscous est un élément essentiel de l’identité culturelle maghrébine. D’ailleurs, il a été déclaré officiellement «Patrimoine maghrébin commun». Et plus récemment, un projet vise à le classer au rang des patrimoines communs de l’humanité par l’ONU (Organisation des Nations Unies).

Le plat de couscous fait partie des plats de tous les jours, mais se déguste aussi lors des occasions spéciales (mariage, cérémonies religieuses, naissance, offrandes, circoncision, décès…). Surtout lors de l’Aïd el-Kebir qui signifie «fête du sacrifice» ou «grande fête». Mais attention, ne le confondez pas avec l’Aïd el-Fitr qui signifie «petite fête» et qui marque la fin du ramadan. Les marocains mangent le couscous le vendredi, jour des prières. Pour les européens, le couscous est cuisiné le dimanche.

Il revêt également une symbolique très forte, car c’est un plat de partage et de solidarité. Ainsi, on se réunit volontiers autour d’un bon couscous pour renforcer les amitiés, les alliances ou pour témoigner de l’hospitalité et de la générosité.

La France a découvert le couscous lors de la colonisation de l’Algérie (XIXe siècle). Mais d’autres historiens culinaires pensent que le couscous est connu en France depuis plus longtemps que ça. En effet, à l’époque médiévale, des auteurs français en parlaient déjà dans leurs œuvres littéraires. Comme François Rabelais (1483-1553) qui parlait de « coscosson » dans le récit de «Gargantua» et de «Pantagruel» ; ou encore Alexandre Dumas qui l’appelait «coussou coussou» dans son «Grand Dictionnaire de Cuisine».

Mais ce n’est qu’au XXe siècle que le couscous connaît une véritable expansion dans la société française. En effet, nombre de «Pieds-noirs» (Français d’Algérie) avaient massivement immigré dans la métropole pour servir de renfort pendant la guerre. Ce qui fait que de nos jours, le couscous fait partie des trois premiers plats préférés des Français. D’ailleurs, le «couscous royal» comprenant :merguez, boulettes de viande, poulet, est très apprécié dans les familles françaises.

Le couscous possède différentes appellations selon les pays et les régions. Ainsi, en Algérie, il s’appelle «ta`aam»(nourriture) ou «barbucha» (gros grains) ; au Maroc, on le nomme «kseksou» ; en Sicile, c’est «cùscus».

La préparation de ce plat, ainsi que le choix des ingrédients dépendent des climats et des régions, mais aussi du pouvoir d’achat de chaque famille. Ainsi, nous avons le couscous des villes, le couscous des montagnes, le couscous des riches, le couscous des pauvres. Par exemple, dans le désert, où les légumes frais sont rares, le couscous est agrémenté de viande salée et séchée. Dans le bassin méditerranéen, on le prépare volontiers avec du poisson. Ou encore, dans les familles peu fortunées, on mange plus de couscous aux légumes, car la viande est trop chère.

En Afrique noir, on se régale de couscous au mil, tandis qu’au Moyen-Orient, on mange du boulgour et au Sahara, on a adopté le couscous à l’orge.

La préparation du couscous revêt un caractère presque cérémonial dans les familles maghrébines. En effet, la semoule subit différentes étapes de préparation et de cuisson avant d’être présentée à table.

L’histoire du couscous nous apprend aussi qu’auparavant, on utilisait de la semoule d’orge pour préparer le couscous. Mais hélas, sa préparation était trop compliquée et trop longue. Par conséquent, elle a été remplacée par de la semoule de blé dur qui est beaucoup plus pratique. Par ailleurs, dans les pays occidentaux, il existe des semoules déjà pré-cuites. Ce qui est une hérésie pour les pays orientaux où la préparation du couscous se fait impérativement de façon artisanale. C’est-à-dire que les grains étaient broyés avec des meules de pierre et séchées à l’air libre. Ensuite, des groupes de femmes s’attelaient à préparer la semoule avec un mélange d’eau et de farine et à faire des boulettes pour mieux les conserver. Plus tard, avant de la faire cuire, elles passaient la semoule au tamis et la travaillaient avec leurs mains et un peu d’eau salée dans de grandes bassines «gessra». Et enfin, elles la faisaient cuire dans le haut du couscoussier grâce à la vapeur du bouillon. En effet, ce dernier se trouvait en bas et contenait de la viande et des légumes.

La particularité de la préparation de ce plat tient aussi dans l’ustensile de cuisine très particulier qu’on utilise : le couscoussier. Ce dernier est une sorte de grosse marmite en métal (aluminium ou inox). Il possède 2 parties : d’une part, le «panier vapeur» au-dessus pour faire cuire la semoule et d’autre part, la «grosse marmite» du bas qui sert à faire cuire le bouillon ainsi que la viande et les légumes. En fait, c’est la meilleure façon de faire cuire la semoule, car celle-ci va s’imprégner des arômes du bouillon. En outre, la vapeur va la faire gonfler et la rendre légère et plus digeste. D’ailleurs, pour profiter au maximum de cette vapeur, la ménagère maghrébine scellait les 2 parties soit avec un torchon trempé dans de l’eau et de la farine, soit avec un sac en plastique, soit encore avec une sorte de joint en caoutchouc.

Les premiers couscoussiers étaient des plats en terre avec de gros trous ou des paniers de vannerie. On les plaçait sur de grosses marmites d’eau bouillante afin que la vapeur cuise la semoule. De nos jours, ils sont plutôt en métal. Et il serait inconcevable pour toute famille maghrébine qui se respecte de ne pas avoir cet ustensile à la maison.

Ainsi, traditionnellement, le couscous est un savant mélange de semoule fine, de semoule épaisse, de farine et d’eau. Et auquel on rajoute parfois des pois chiches.

À l’origine, la recette du couscous ne comportait qu’une seule variété de viande. C’était soit du mouton, soit du chameau, soit du poisson, du poulet... Et en général, on privilégiait les morceaux à mijoter. Pour ce qui est des légumes, cela dépendait de ce que les gens avaient sous la main ou même de la saison : courgettes, carottes, pommes de terre, poivrons, courges, navets, cardes, céleri, chou... Quant aux épices, on utilisait volontiers du ras-el-hanout et de la harissa. Et selon le type de couscous, on pouvait utiliser d’autres épices telles que le gingembre, la cannelle ou différents poivres. Et enfin, on pouvait agrémenter le plat soit de raisins secs, soit d’oignons caramélisés.

La préparation traditionnelle de la semoule obéit à des règles et des procédés très élaborés. Ainsi, il faut déjà préparer la semoule crue. On étale cette dernière dans un grand plat afin de mieux la travailler. On y verse un filet d’huile d’olive et on égrène avec les doigts. L’huile d’olive va faire que les graines se désolidarisent entre elles. Ensuite, on y ajoute de l’eau de préférence froide, pour ne pas déclencher un début de cuisson, et on fait de nouveau rouler les grains entre les 2 paumes des mains. L’eau va commencer à faire gonfler la semoule crue et cela facilitera la cuisson. Ensuite, on laisse un petit temps de pause avant de faire cuire la semoule à la vapeur. L’idéal serait de la déposer dans un torchon et de la recouvrir avec, avant de la mettre dans le panier à vapeur. On compte environ 15 minutes de cuisson. Puis, on reverse le couscous dans la gessra et on le retravaille en rajoutant un petit peu d’eau. Puis, on le remet dans le panier à vapeur pendant 15 minutes encore. Cette opération peut se répéter 2 à 3 fois. Et à la cuisson finale, on rajoute une sorte de beurre rance le «smen», on égrène une dernière fois et c’est prêt.

Pour la présentation du plat, vous pouvez utiliser un grand plat ou un plat à tajine. En général, on sert la semoule à part et le bouillon contenant les légumes et la viande à part. La raison est simple : des personnes peuvent préférer manger leur couscous avec plus de viande ou au contraire plus légumes. Idem, pour les raisins secs, si vous en mettez, car des personnes peuvent ne pas les aimer dans leur couscous. Et enfin, présentez aussi la harissa dans un petit bol et diluée avec un peu de bouillon. Tout le monde ne mange pas forcément très épicé.

L’autre façon de présenter le plat de couscous est aussi de mettre la semoule dans un grand plat creux de manière à faire une sorte de dôme. Ensuite, creusez un puits au centre, dans laquelle vous verserez une grosse louche de bouillon. Et enfin, disposez les viandes au-dessus de la semoule et les légumes sur les côtés.

La méthode traditionnelle pour manger ce met de choix est de se servir d’une cuillère à soupe ou de sa main droite. Certains utilisent même du pain.

Le couscous est considéré comme un plat équilibré et avec de nombreux bienfaits pour la santé. D’ailleurs, les anciens lui accordaient même une vertu médicinale. En effet, il contient des céréales, des légumes frais et de la viande (rouge ou blanche). Ainsi, la céréale apporte tous les nutriments et les fibres que le corps a besoin. Les légumes sont aussi riches en vitamines et en fibres. Et enfin, la viande et le pois chiche sont une source importante de protéines.

À noter que le couscous préparé en salade et consommé froid devient du taboulé.

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Aujourd'hui, il fait vraiment très beau, je vais aller faire un tour à la coopérative féminine de l'huile d'argan. Ce sera l'objet de mon article prochain.

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«...On a peur de l’âge, certaines personnes ont honte d’être trop jeunes, d’autres n’osent pas parler de leur âge avancé… Mais la jeunesse n’est pas synonyme d’immaturité, ni la vieillesse synonyme de sagesse : l’inverse non plus. Ce qui est important, ce n’est ni notre érudition ni nos diplômes. Et pourtant, toutes nos expériences et les savoirs que nous en avons tirés sont des enseignements précieux...»

Merci Sylvie

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Il ne reste plus que 14 jours pour partager votre galette sur ce blog, envoyez-moi la ou les photo(s) de votre ou vos dessert(s), je les mettrais toutes en ligne le 31 janvier… J’ai déjà reçu quelques photos de gourmands ou gourmandes. Pensez à joindre à la galette, une photo de la ou des fève(s) ! Ça c’est la bonne idée d’Évelyne ! Les photos ne seront pas sélectionnées.

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Un couscous pour une personne nous suffisait amplement 

Un peu de poulet, 2 saucisses de poulet dites de merguez
carottes, pommes de terre, piment, courgettes, chou, citrouille,
quelques grains de raisins secs, quelques pois chiches
et bien sûr la semoule !

Une sauce sans harissa, au Maroc, le couscous n'est pas pimenté, seul
le piment est ajouté dans les légumes, mange ou mange pas !

Un pain berbère

À demain, pour de nouvelles aventures et découvertes !

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